De son vrai nom Ibn Sina, Avicenne [1] est un médecin et philosophe né en en 980 près de Boukhara (Ouzbékistan actuel) et mort en 1037 à Hamadan (ville d’Iran).
Une œuvre médicale majeure
Avant même d’être un homme politique, Ibn Sina est un médecin, remarquablement doué. Il traduit lui-même certaines œuvres de Galien et d’Hippocrate, pratique la dissection pour « pénétrer les secrets du corps humain ». Son apport en médecine est fondé avant tout sur ses propres observations, sur son expérience directe, mais aussi sur une utilisation rigoureuse de la logique (il pose des prémisses dont il déduit ensuite les conséquences logiques). Son œuvre majeure reste le Canon de médecine (Kitâb al-Qanûn fi Al-Tibb, littéralement le Livre des lois médicales). Ce livre, ramené en Occident par les croisés, et traduit en latin entre 1150 et 1171 par Gérard de Crémone, aura une influence clé en Occident, remplaçant Galien, jusqu’à ce que les savants de la Renaissance le contestent (Léonard de Vinci notamment).
Ses travaux marquent de grandes avancées dans plusieurs domaines : en gynécologie, par exemple, ou encore en ophtalmologie, un domaine extrêmement investi par les savants arabes qui multiplient les recherches sur l’optique et la lumière. Ibn Sina expose avec précision le rôle du cœur dans la circulation du sang, pressent le rôle des rats dans la propagation de la peste, multiplie les expériences pharmacologiques : le livre IV de son canon énumère ainsi plus de 760 médicaments. Ibn Sina mène également de complexes recherches en mathématiques (notamment sur les corps infinitésimaux) ou en physique. Il porte une grande attention à la prophylaxie : « la médecine est l’art de conserver la santé, et éventuellement de guérir la maladie » écrit-il ainsi. Il rédige un « poème de médecine » (Urdjuza fi-tib) destiné aux princes, dans lequel il expose les meilleurs moyens de conserver la santé au sein du peuple. Par ces recherches, Ibn Sina est au plus près de l’actualité : le monde arabe a d’immenses villes (Bagdad est la plus grande ville du monde à l’époque) dans lesquels les maladies se multiplient. Ibn Sina est également l’un des premiers à s’intéresser aux maladies psychiatriques, dont il identifie rigoureusement les symptômes, et parmi lesquelles il classe l’amour, comparé à la mélancolie ou à l’amnésie.
Ses propos ne sont pas toujours très originaux, mais sa force réside surtout dans leur ordonnancement rigoureux, chaque partie étant subdivisée en plusieurs sous-parties et sous-sections. C’est ce qui va séduire les philosophes socratiques occidentaux : Roger Bacon le qualifie par exemple de « prince des philosophes », pas des médecins.